Quatrième point : cibler les financements publics
La nécessité de mieux cibler les financements publics en soutien de la transition énergétique. L’entreprise estime que l’Europe dispose d’une avance technologique certaine dans les gaz renouvelables comme l’hydrogène vert qu’il faut consolider. Les aides publiques devront se concentrer en priorité sur ces filières stratégiques pour l’avenir.
En revanche, Engie juge qu’il est désormais trop tard pour recréer une filière photovoltaïque compétitive en Europe face à la concurrence asiatique. « Les modules européens sont actuellement 2,3 fois plus chers que les modules importés, et ils représentent 60% des dépenses d’investissement d’une installation solaire », souligne l’énergéticien.
Cinquième recommandation : garantir la neutralité carbone
Garantir le principe de neutralité carbone à l’horizon 2050 en accélérant sur tous les fronts de la décarbonation, sans sectarisme technologique. Nucléaire, renouvelables, capture et stockage du CO2, hydrogène, bioénergies… Toutes les options devront être mobilisées pour atteindre l’objectif de zéro émission nette.
« Nous devons être moins contraignants sur les différentes molécules énergétiques, dont la décarbonation sera plus lente que l’électricité, à l’image de l’hydrogène », plaide Catherine MacGregor. Un signal envoyé aux régulateurs européens pour assouplir les critères d’éligibilité de certaines filières aux mécanismes de soutien.
En somme, le message délivré par Engie est clair : l’Europe doit relever le défi de la transition énergétique sans renier ses principes de décarbonation, tout en sécurisant son approvisionnement, en préservant sa compétitivité industrielle et en prenant en compte les contraintes financières des citoyens. Un chemin étroit mais indispensable à emprunter selon l’énergéticien pour réussir cette mutation historique.
Rester pragmatique sur les technologies
Au-delà de ces cinq recommandations principales, Engie insiste sur la nécessité de rester pragmatique sur les choix technologiques à opérer. Si l’entreprise défend logiquement son propre modèle économique basé sur les « molécules » (gaz, hydrogène, etc.), elle avance des arguments concrets.
« Les molécules sont stockables, transformables et transportables. Elles permettent de s’appuyer sur les infrastructures existantes comme les réseaux de gazoducs et de répondre à des pics de consommation difficiles à gérer uniquement avec des solutions électriques », fait valoir l’énergéticien.
A titre d’exemple, Engie estime qu’en France, « pour répondre aujourd’hui à des pics de grand froid uniquement avec des solutions électriques, il faudrait prévoir 150 GW de capacité supplémentaire, soit l’équivalent de 90 réacteurs nucléaires, et doubler le réseau de lignes de transmission existant ». Un scénario qualifié d' »insoutenable » par le groupe.
Rassurer sur les impacts sociaux
Mais au-delà des aspects techniques et économiques, l’enjeu sera aussi de rassurer les populations sur les impacts sociaux de cette transition énergétique. Les résultats de la consultation menée par Engie illustrent en effet les doutes d’une partie des citoyens européens sur la capacité collective à mener à bien ce changement de cap historique.
Près d’un Européen sur deux exprime ainsi des réserves sur l’atteinte de l’objectif de neutralité carbone. En France, cette défiance apparaît encore plus marquée, la population se montrant à la fois sceptique sur l’avenir en général et méfiante envers les institutions politiques censées porter ce projet de transformation.
Un constat qui, selon Gilles Finchelstein, « doit inciter les pouvoirs publics à mieux expliquer et impliquer les citoyens dans la conduite de la transition énergétique ». Faute de quoi, ce chantier vital pour la lutte contre le réchauffement climatique pourrait se heurter à une opposition populaire rédhibitoire.
La transition énergétique est un défi éminemment complexe qui nécessitera des efforts considérables de toutes les parties prenantes (Etats, entreprises, citoyens). En appelant à une approche pragmatique, inclusive et rassurante, Engie rappelle qu’il faudra sans cesse trouver le subtil équilibre entre ambitions écologiques et réalités socio-économiques. Un exercice d’équilibriste permanent mais indispensable pour réussir cette mutation historique.