Le réemploi des produits et matériaux en fin de vie représente un levier essentiel pour réduire l’extraction de nouvelles ressources naturelles et diminuer les impacts environnementaux. En permettant d’allonger la durée d’usage des biens avant leur recyclage ou leur élimination, il constitue un pilier incontournable de l’économie circulaire.
Pourtant, malgré les avancées réglementaires comme la loi AGEC de 2020 et la prise de conscience croissante des consommateurs et des entreprises, le développement des filières industrielles du réemploi se heurte encore à de nombreux défis logistiques. De la collecte au tri, en passant par le reconditionnement et la redistribution, chaque étape soulève des problématiques spécifiques qu’il est indispensable de résoudre pour permettre un déploiement massif de ces pratiques vertueuses.
La collecte des produits, un gisement à capter
La première étape cruciale pour alimenter les filières de réemploi réside dans la captation des gisements de produits et matériaux en fin de vie ou d’usage. Un défi de taille quand on sait que ces derniers sont aujourd’hui largement dispersés entre les ménages, les entreprises, les collectivités, etc.
Pour les acteurs du réemploi, l’enjeu est de mettre en place des circuits de collecte efficients, en créant par exemple des points d’apport volontaires dédiés ou en nouant des partenariats avec les collectivités pour récupérer les objets déposés en déchèteries. Des initiatives comme les ressourceries, qui récupèrent les encombrants directement au pied des immeubles, constituent également des pistes à développer.
Mais au-delà de la logistique aval, la collecte soulève aussi des défis en amont, au niveau des consommateurs et des entreprises détentrices des produits usagés. Il faut en effet les sensibiliser et les inciter à adopter ce réflexe de donner une seconde vie à leurs biens plutôt que de les jeter. Des campagnes de communication ciblées et la création de lieux de dépôt facilement accessibles sont indispensables.
Le tri, un goulet d’étranglement
Une fois les produits collectés, l’étape suivante consiste à les trier en fonction de leur état, de leurs composants, de leurs caractéristiques techniques, etc. Un goulet d’étranglement logistique majeur, tant les volumes et la diversité des objets à traiter sont importants.
Dans cette phase, les principaux défis résident dans la mise en place de procédés de tri efficaces, rapides et peu coûteux, mais aussi dans le recrutement et la formation d’une main-d’œuvre qualifiée, capable d’identifier et de valoriser le potentiel de réemploi de chaque produit.
Certains acteurs comme les éco-organismes investissent dans des solutions de tri automatisé et de reconnaissance d’images pour gagner en productivité. Mais ces technologies, encore émergentes, doivent être couplées à une intervention humaine indispensable pour les objets les plus complexes.
Le reconditionnement, une étape clé de valorisation
Après le tri vient l’étape de reconditionnement des produits destinés au réemploi. Un processus essentiel pour leur redonner un niveau de performance et de qualité équivalent au neuf, en vue de leur redistribution.
Selon la nature des biens, ces opérations peuvent aller du simple nettoyage et de la remise en état à des réparations plus poussées, voire à des remanufacturings complets avec remplacement de certains composants. Des compétences techniques pointues sont donc requises, tout comme un accès facilité aux pièces détachées auprès des fabricants d’origine.
L’enjeu est de trouver le juste équilibre entre le niveau de valorisation apporté et les coûts de main-d’œuvre et de reconditionnement, pour que le produit réemployé reste compétitif face au neuf, tout en conservant des standards de qualité et de sécurité irréprochables.
La redistribution, dernier maillon de la chaîne
Une fois reconditionnés, les produits doivent être réintégrés dans les circuits de distribution pour trouver de nouveaux utilisateurs. Un défi de taille quand on connaît la complexité des chaînes logistiques actuelles et le poids des mastodontes de la grande distribution.
Pour les acteurs du réemploi, l’enjeu est de créer leurs propres canaux de redistribution en circuits courts, comme les plateformes en ligne, les showrooms ou les ressourceries. Mais ils doivent aussi convaincre les grands distributeurs d’intégrer ces produits d’occasion dans leurs linéaires, aux côtés du neuf.
Au-delà des aspects purement logistiques de transport et de stockage, la redistribution soulève des défis marketing pour donner une nouvelle attractivité à ces produits, mais aussi des enjeux de traçabilité, d’information du consommateur et de garanties à apporter.
Vers une logistique circulaire et relocalisée
Pour relever tous ces défis, les acteurs du réemploi n’ont d’autre choix que de repenser en profondeur leurs modèles logistiques traditionnels, historiquement conçus pour des flux linéaires de production et de distribution de masse.
L’enjeu est de développer une nouvelle logistique circulaire et territorialisée, avec des circuits de proximité permettant de boucler les flux de matières au plus près des bassins de consommation. Une évolution indispensable, tant les transports de produits usagés sur de longues distances s’avèrent économiquement contre-productifs et génèrent des impacts environnementaux importants.
Cela passe notamment par la création de hubs logistiques mutualisés entre acteurs d’un même territoire, couplant les différentes étapes de collecte, tri, reconditionnement et redistribution sur un même site. Des plateformes numériques de mise en relation pourront également permettre une meilleure coordination de ces flux de proximité.
Parallèlement, il faudra aussi développer de nouvelles compétences logistiques, avec des profils capables de gérer ces flux tendus de produits à la fois entrants et sortants, dans un contexte de volumes et de références en constante évolution.
Un défi de financement et d’investissements
Mais au-delà des aspects purement opérationnels, le principal défi que devront relever les acteurs du réemploi réside dans le financement des investissements logistiques colossaux qu’implique cette nouvelle donne.
De la création d’infrastructures de collecte, tri et reconditionnement aux systèmes d’information et de traçabilité, en passant par la formation des ressources humaines, les besoins sont massifs. Or, les modèles économiques du réemploi, encore émergents, peinent à dégager les marges nécessaires pour autofinancer ces investissements.
Les pouvoirs publics ont donc un rôle clé à jouer, en soutenant financièrement le développement de ces nouvelles filières d’avenir, créatrices d’emplois non délocalisables. Les fonds dédiés comme le Fonds Économie Circulaire ou les crédits d’impôts représentent des leviers à actionner.
Mais au-delà des aides directes, c’est tout un nouveau cadre économique, fiscal et réglementaire qu’il faudra mettre en place pour donner un avantage compétitif aux produits réemployés face au neuf. Des mesures comme la modulation de la TVA en fonction du taux d’incorporation de matières réemployées ou recyclées pourraient constituer de puissants accélérateurs.
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