Le 15 janvier dernier a marqué le début de l’édition 2024 du World Economic Forum (WEF) à Davos. Il s’agit d’un événement de premier plan où converge l’élite mondiale de l’économie et de la politique pour des discussions cruciales. Avec plus de 2 800 participants attendus, dont plus de 60 chefs d’État et de gouvernement, cette semaine à Davos se profile comme un rendez-vous majeur de l’année, réunissant des personnalités éminentes de divers secteurs.
Parmi les participants, plus de 800 chefs d’entreprises dont des magnats du pétrole, des représentants d’organisations internationales et des banquiers centraux viendront s’ajouter à l’élite de la scène politique mondiale. Des figures emblématiques telles que la présidente de la Banque centrale européenne, Christine Lagarde, le président français Emmanuel Macron, Ursula Von Der Leyen présidente de la Commission Européenne, le Premier ministre chinois Li Qiang, ainsi que le président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui cette année ont fait le déplacement en personne, contribueront à faire de Davos le lieu de rencontre incontournable pour les décideurs mondiaux.
Sous le thème ambitieux de « Reconstruire la confiance », le forum mettra l’accent sur des questions telles que les enjeux climatiques, sujets géopolitiques tels que les tensions entre les États-Unis et la Chine au sujet de Taïwan, l’intelligence artificielle et les défis environnementaux,. Cette édition offre ainsi une plateforme décisive pour la collaboration et la réflexion sur l’avenir de notre planète et place les défis mondiaux au centre de l’attention.
Risques Environnementaux : Un regard sur le court et le moyen terme
La moitié des risques les plus graves au cours de la prochaine décennie sont d’origine environnementale : une étude approfondie menée par le Forum économique mondial a mis en lumière une évolution significative dans la perception des risques économiques mondiaux, mettant davantage l’accent sur les menaces environnementales. La consultation, incluant experts, scientifiques, représentants de la société civile, ainsi que dirigeants politiques et économiques, suggère que ces risques environnementaux pourraient atteindre un seuil critique dans la prochaine décennie.
Cette prise de conscience générale fait écho aux conclusions du Future Risk Report d’Axa, publié en octobre 2023, qui avait déjà érigé les risques climatiques en principale préoccupation à l’échelle mondiale. À court terme, les événements météorologiques extrêmes, tels que les inondations, les tempêtes et les sécheresses, émergent comme des menaces majeures, mettant en danger populations, infrastructures et activités humaines tandis que la pollution est identifiée comme l’un des risques les plus immédiats et significatifs.
À moyen terme, le rapport souligne les changements systémiques mondiaux, en particulier la crise de la biodiversité, comme des catalyseurs majeurs de déstabilisation à l’échelle mondiale. Les experts soulignent également les pénuries prévues de ressources naturelles, notamment pour les chaînes d’approvisionnement mondiales dépendant de ressources critiques. Dans l’ensemble, cette analyse approfondie du Forum de Davos révèle que quatre des cinq risques les plus sévères pour la prochaine décennie sont d’origine environnementale.
Appel à l’action concertée mondiale
Cette reconnaissance accrue souligne l’impératif d’une action rapide et concertée face à ces défis planétaires majeurs. Le rapport appelle ainsi à une réflexion stratégique et à une mobilisation mondiale pour relever ces défis environnementaux cruciaux et garantir la durabilité à long terme de notre planète.
Parmi les 1 400 experts mondiaux interrogés, les deux tiers expriment des inquiétudes concernant les événements météorologiques extrêmes en 2024. Le rapport met en avant le manque de coopération mondiale sur des questions urgentes telles que le changement climatique, plaidant pour une réévaluation des mesures prises et un investissement accru dans des domaines tels que la modélisation climatique et les technologies vertes.
Le fondateur du WEF, Klaus Schwab, appelle les délégués à renforcer la coopération dans un monde fragmenté. Après les accords historiques de la COP28 en décembre, mettant l’accent sur les énergies renouvelables et l’abandon des combustibles fossiles, le WEF souligne l’impératif de concrétiser ces engagements. La lutte contre le changement climatique est perçue comme un moyen pour les dirigeants de démontrer un leadership responsable.
Défis et initiatives pour une transition énergétique mondiale
Les dernières années ont été marquées par des perturbations majeures dans l’approvisionnement et la sécurité énergétique. Lors de la deuxième journée du WEF, la présidente de la Commission européenne Ursula Von Der Leyen a mis en lumière la capacité du forum à inspirer une réponse collective des entreprises et des nations, démontrant ainsi sa capacité à encourager une collaboration concertée.
L’envoyé spécial du président pour le climat, John Kerry, a quant à lui réitéré lors de la COP28 et de la conférence Road Ahead que le secteur privé jouerait un rôle crucial dans les efforts liés à l’efficacité énergétique et d’autres aspects du défi environnemental. Il a décrit ces changements en cours comme une « révolution économique ».
La session sur la transformation de la demande énergétique a souligné l’importance d’améliorer l’efficacité énergétique, un point appuyé par Fatih Birol, directeur exécutif de l’AIE, qui a mis en avant les nombreux avantages de cette démarche, de la réduction des coûts à l’amélioration de la sécurité énergétique.
Ces initiatives s’inscrivent dans une action mondiale contre le changement climatique. Lors des séances du mardi 16 janvier, le WEF a analysé le lien entre le changement climatique et la santé, souligné dans un nouveau rapport, ainsi que le rôle de la technologie dans la décarbonisation des industries complexes.
Stratégies du WEF pour un avenir durable
Malgré ces initiatives et le prestige associé au Forum économique mondial, Davos demeure sous le feu des critiques des militants climatiques, considérant l’élite du WEF comme complaisante face à la crise climatique. Greta Thunberg avait exprimé l’année dernière, son scepticisme quant à l’écoute des acteurs principaux de la destruction planétaire plutôt que de ceux en première ligne de l’urgence climatique. Il est également condamné en ce qui concerne l’impact environnemental de son événement phare. En 2022, Greenpeace a mis en lumière l’utilisation de 1 040 jets privés lors du forum, émettant entre 5 et 14 fois plus de carbone par passager que les vols commerciaux.
Ainsi, le WEF envisage une stratégie visant à protéger la nature et à lutter contre le changement climatique, ainsi que des plans concrets pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, en phase avec le thème de cette année. Davos sera le lieu de discussions sur la manière d’élaborer ce plan à long terme tout en assurant un accès abordable, sûr et inclusif à l’énergie, à la nourriture et à l’eau. La transition énergétique, parmi les six principaux thèmes de Davos, sera une question capitale. L’Agence internationale de l’énergie observe une augmentation rapide du déploiement des énergies renouvelables et une confiance croissante dans l’innovation environnementale à l’échelle mondiale.
Davos, malgré ses critiques, offre une plateforme essentielle pour catalyser la réflexion et la collaboration, appelant à une mobilisation mondiale face aux défis cruciaux qui façonnent notre avenir commun.
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