À l’heure où l’économie circulaire s’impose comme un modèle incontournable pour répondre aux défis environnementaux et économiques du 21ème siècle, son adoption dans les pays en développement soulève des enjeux spécifiques. Entre contraintes structurelles et opportunités de développement durable, l’économie circulaire offre des perspectives prometteuses pour ces pays, à condition d’être adaptée à leurs réalités locales.
Contexte et enjeux
Les pays en développement sont confrontés à des défis majeurs en termes de gestion des ressources et des déchets. La croissance démographique rapide, l’urbanisation galopante et l’augmentation de la consommation exercent une pression croissante sur des infrastructures souvent insuffisantes. Dans le même temps, ces pays disposent souvent d’un secteur informel du recyclage et de la réparation très développé, qui constitue une base intéressante pour le déploiement de l’économie circulaire.
L’adoption de modèles circulaires pourrait permettre à ces pays de « sauter » certaines étapes du développement industriel linéaire, en optant directement pour des solutions plus durables et économes en ressources. Cela représenterait un atout majeur pour leur développement économique et social, tout en préservant leur environnement.
Défis spécifiques
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Infrastructures insuffisantes
L’un des principaux obstacles à l’adoption de l’économie circulaire dans les pays en développement est le manque d’infrastructures adaptées, notamment pour la collecte et le traitement des déchets. De nombreuses villes ne disposent pas de systèmes de gestion des déchets efficaces, ce qui complique la mise en place de filières de recyclage et de valorisation.
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Cadre réglementaire inadapté
Les réglementations en matière de gestion des déchets et de protection de l’environnement sont souvent insuffisantes ou mal appliquées dans les pays en développement. Cela freine le développement de filières circulaires formelles et peut favoriser des pratiques de recyclage informelles dangereuses pour la santé et l’environnement.
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Manque de financement
Les investissements nécessaires pour développer des infrastructures et des technologies circulaires sont souvent hors de portée des pays en développement. L’accès limité aux financements et le manque de modèles économiques viables constituent des freins importants à l’adoption de l’économie circulaire.
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Faible sensibilisation
La sensibilisation aux enjeux environnementaux et aux principes de l’économie circulaire reste limitée dans de nombreux pays en développement, tant au niveau des décideurs que du grand public. Cela peut freiner l’adoption de pratiques circulaires et la demande pour des produits plus durables.
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Secteur informel prédominant
Le secteur informel joue un rôle crucial dans la gestion des déchets et le recyclage dans de nombreux pays en développement. L’intégration de ces acteurs dans des filières circulaires formelles représente un défi majeur, tant sur le plan social qu’économique.
Opportunités et leviers d’action
Malgré ces défis, l’économie circulaire offre de nombreuses opportunités pour les pays en développement :
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Création d’emplois et réduction de la pauvreté
Le développement de filières circulaires peut créer de nombreux emplois locaux, notamment dans les secteurs de la collecte, du tri, du recyclage et de la réparation. Cela peut contribuer à réduire la pauvreté et à améliorer les conditions de vie des populations les plus vulnérables.
Exemple : Au Brésil, le programme « Waste and Citizenship » a permis de formaliser le travail des ramasseurs de déchets informels, améliorant leurs conditions de travail et leurs revenus tout en optimisant la gestion des déchets urbains.
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Préservation des ressources naturelles
L’adoption de modèles circulaires permet de réduire la pression sur les ressources naturelles, souvent surexploitées dans les pays en développement. Cela contribue à préserver la biodiversité et les écosystèmes locaux.
Exemple : En Inde, l’entreprise Attero recycle les déchets électroniques pour en extraire les métaux précieux, réduisant ainsi la demande pour l’extraction minière tout en créant des emplois locaux.
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Amélioration de la santé publique
Une meilleure gestion des déchets et la réduction des pollutions liées aux activités industrielles peuvent avoir un impact positif significatif sur la santé publique dans les pays en développement.
Exemple : Au Kenya, l’entreprise sociale Sanergy transforme les déchets organiques en engrais et en aliments pour animaux, améliorant l’assainissement urbain tout en créant des emplois.
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Innovation frugale et solutions adaptées
Les contraintes spécifiques des pays en développement peuvent stimuler l’innovation frugale et l’émergence de solutions circulaires adaptées aux contextes locaux.
Exemple : Au Bangladesh, la startup SOLshare a développé un système de micro-réseau solaire permettant aux foyers de partager leur surplus d’électricité avec leurs voisins, optimisant ainsi l’utilisation des ressources énergétiques.
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Leapfrogging technologique
Les pays en développement ont l’opportunité de « sauter » certaines étapes du développement industriel linéaire en adoptant directement des technologies circulaires plus avancées.
Exemple : En Afrique, de nombreux pays ont directement adopté la téléphonie mobile sans passer par l’étape des lignes fixes. Un phénomène similaire pourrait se produire avec l’adoption de technologies circulaires innovantes.
Leviers d’action pour accélérer la transition
Pour surmonter les défis et saisir ces opportunités, plusieurs leviers d’action peuvent être mobilisés :
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Renforcement des cadres réglementaires
Les gouvernements des pays en développement doivent mettre en place des réglementations favorables à l’économie circulaire, notamment en matière de gestion des déchets, de responsabilité élargie des producteurs et d’incitations fiscales pour les pratiques circulaires.
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Investissements dans les infrastructures
Des investissements massifs sont nécessaires pour développer les infrastructures de collecte, de tri et de recyclage des déchets. Les partenariats public-privé et l’aide internationale peuvent jouer un rôle crucial dans ce domaine.
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Formation et sensibilisation
Des programmes de formation et de sensibilisation doivent être mis en place à tous les niveaux (décideurs, entreprises, grand public) pour promouvoir les principes et les pratiques de l’économie circulaire.
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Soutien au secteur informel
L’intégration du secteur informel dans des filières circulaires formelles doit être encouragée, en reconnaissant et en valorisant les compétences des travailleurs informels.
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Promotion de l’innovation frugale
Les gouvernements et les organisations internationales doivent soutenir l’innovation frugale et le développement de solutions circulaires adaptées aux contextes locaux, notamment via des incubateurs et des programmes de financement dédiés.
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Coopération internationale
La coopération internationale et le transfert de technologies sont essentiels pour accélérer l’adoption de l’économie circulaire dans les pays en développement. Des partenariats Nord-Sud et Sud-Sud doivent être encouragés.
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