« Rénover massivement le parc immobilier existant pour le rendre plus sobre en énergie est un enjeu crucial pour réduire les émissions du secteur », insiste Fatih Birol. « Mais il faudra aussi verdir les sources d’énergie utilisées et développer des bâtiments à énergie positive. »
De nombreuses innovations sont d’ores et déjà déployées, comme l’isolation renforcée, les systèmes de chauffage et de climatisation plus performants, ou encore l’intégration de panneaux solaires photovoltaïques. Autant de solutions qui préfigurent le bâtiment décarboné de demain.
L’agriculture et la déforestation, des émissions souvent négligées
Bien que souvent occultés dans les débats, l’agriculture et les changements d’affectation des terres (déforestation, urbanisation, etc.) représentent environ 25% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, soit près de 9 milliards de tonnes par an.
Du côté de l’agriculture, ce sont principalement les émissions de méthane issues de l’élevage et de la riziculture qui posent problème, auxquelles s’ajoutent les émissions de CO2 liées à la consommation d’énergie des exploitations.
Quant à la déforestation, elle contribue doublement au réchauffement climatique : d’une part en rejetant le CO2 stocké dans les arbres abattus, d’autre part en réduisant les puits de carbone naturels que constituent les forêts.
« Protéger les forêts primaires et restaurer les zones déboisées est un levier essentiel pour capter davantage de CO2 et lutter contre le changement climatique », insiste Inger Andersen, directrice exécutive du PNUE. « Mais il faudra aussi repenser nos systèmes agricoles et alimentaires pour les rendre plus durables. »
Des disparités majeures entre pays et régions
Si ces différents secteurs constituent les principales sources d’émissions de gaz à effet de serre à l’échelle mondiale, d’importantes disparités existent cependant entre pays et régions.
Ainsi, les pays les plus industrialisés comme les États-Unis, la Chine ou l’Union Européenne concentrent logiquement l’essentiel des émissions liées à l’industrie, aux transports et au bâtiment. A l’inverse, les pays en développement émettent davantage de gaz à effet de serre du fait de l’agriculture et de la déforestation.
A titre d’exemple, la Chine est aujourd’hui le premier émetteur mondial de CO2 avec 10,7 milliards de tonnes par an, suivie par les États-Unis (5 milliards de tonnes), l’Inde (2,7 milliards de tonnes) et la Russie (1,7 milliard de tonnes). L’Union Européenne, dans son ensemble, émet environ 3,2 milliards de tonnes par an.
Mais ces chiffres bruts doivent être remis en perspective au regard de la population de chaque pays. Ainsi, si la Chine est le premier émetteur mondial en valeur absolue, ses émissions par habitant (7,4 tonnes par an) restent inférieures à celles des États-Unis (15,5 tonnes par habitant).
De même, certains petits États insulaires comme les Maldives ou les Bahamas affichent des émissions totales très faibles, mais un niveau d’émissions par habitant parmi les plus élevés au monde, du fait de leur dépendance aux énergies fossiles importées.
Un défi mondial qui appelle des réponses coordonnées
Face à l’ampleur du défi climatique, il apparaît clairement qu’aucun pays ni aucun secteur ne pourra y faire face seul. Réduire significativement les émissions de gaz à effet de serre à l’échelle planétaire nécessitera une action concertée et ambitieuse de l’ensemble des acteurs économiques, à tous les niveaux.
« Le changement climatique est un défi véritablement mondial, qui appelle des réponses coordonnées entre États, entreprises et citoyens », insiste António Guterres, Secrétaire Général des Nations Unies. « Chaque secteur, chaque pays doit prendre sa part dans cet effort collectif pour préserver notre planète et nos sociétés. »
Cela passera par le déploiement massif de solutions sobres en carbone dans tous les secteurs émetteurs, qu’il s’agisse des transports, de l’industrie, du bâtiment ou encore de l’agriculture. Mais aussi par des changements profonds dans nos modes de production et de consommation, pour tendre vers une économie circulaire et découplée des ressources fossiles.
Un immense défi, qui nécessitera des investissements considérables, des ruptures technologiques majeures et des transformations sociétales de grande ampleur. Mais un défi vital, qui déterminera notre capacité à préserver les équilibres climatiques de la planète pour les générations futures.
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